La retraite des enseignants : Comment ça marche ?

La retraite des enseignants : Comment ça marche ?

Pourquoi le principe même de la réforme par points est la destruction pure et simple de la retraite par répartition ? 

– Premier point : en ce qui nous concerne, nous enseignants, mais plus largement, l’ensemble de la fonction publique d’État, aujourd’hui, nous ne sommes pas concernés par la retraite par répartition, puisque notre pension est inscrite au grand livre de la dette publique et doit être ainsi honorée par l’État lorsque nous sommes à la retraite. Et pour nous la notion d’équilibre des comptes ou d’une caisse de retraite n’existe pas puisqu’il n’y a pas de caisse dédiée. En effet, il faut savoir que les cotisations retraites figurant sur notre bulletin de paye sont virtuelles et purement indicatives (11,10% de cotisation salariale et 74,28% de cotisation patronale en 2020), et ne sont pas versées à une quelconque caisse. L’État paye nos pensions, un point c’est tout, et dégage chaque année exactement comme pour la paye des actifs, tous les mois, le montant nécessaire à cette opération. 
– Deuxième point : par contre, les salariés du privé ont bien leur retraite basée sur la répartition. Ce qu’il faut entendre par répartition, c’est que les actifs ont des cotisations vieillesse prélevées sur leur feuille de paye qui vont bien dans la caisse des retraites de la Sécurité Sociale et sont gérées par l’Assurance retraite (environ 11% pour le salarié et 16% pour le patron y compris la complémentaire). Ces cotisations permettent d’obtenir au moment de son départ à la retraite 50% de son traitement moyen des 25 meilleures années. Dans le privé, les salariés du privé cotisent à une retraite complémentaire l’AGIRC-ARRCO qui comme son nom l’indique complète leur retraite et qui fonctionne, elle, sur le système des points. Points qui ont déjà baissé à plusieurs reprises faisant perdre du revenu aux retraités (malus de 10% si départ avant 63 ans à ce jour).  À l’instar de ce qui nous attend tous demain…

Aujourd’hui, le taux de remplacement pour le privé, comme pour le public d’ailleurs, c’est à dire le pourcentage de remplacement entre le salaire net et la retraite est de 73.6% en moyenne. 

Aussi bien la Sécurité Sociale que le régime complémentaire sont gérés de manière paritaire par, d’une part, les représentants syndicaux des salariés, FO, CGT, CFDT d’une part, et d’autre part le MEDEF.

Ce sont ces deux entités qui chaque année tentent de trouver un accord ou pas sur la répartition des fonds collectés par les caisses de retraites pour les répartir auprès des retraités sachant que les caisses nationales travaillent en partenariat avec le ministère en charge des affaires sociales et le ministère en charge des finances, lesquels ont la responsabilité de la mise en œuvre des lois relatives à la Sécurité sociale votées par le Parlement. Et que l’État a depuis la révision de la constitution de février 1996 une implication renforcée dans la gouvernance financière de la Sécurité Sociale (Merci à Juppé et Chirac).

Avec la réforme par point, tout ceci vole en éclat :

1. Tout d’abord, ce sera désormais l’État et lui seul qui va fixer la valeur du point d’achat : 10€ à ce jour. 
À savoir, le montant des cotisations futures dans le cadre de cette réforme sera de 28% du salaire brut, soit pour 2000€ de revenus 2000×28% = 560€ et 560/10 (valeur du point)= 56 points.

Ensuite, c’est l’État et lui seul qui fixe la valeur du rachat des points. Sa valeur est fixée à ce jour à 0,55 centimes en 2025. 
Ce qui fait ici pour cet exemple : 56 points qui rapporteront 56 x 0,55 = 30,80€ bruts annuels à l’âge pivot destiné à être reculé petit à petit (65 ans dans l’étude d’impact du gouvernement).

C’est pourquoi, ici, avec la réforme par points, il ne faut pas parler de régime universel car la retraite est déjà universelle, mais bien de régime UNIQUE, sous la seule et unique égide de l’État. 
État qui pourra comme bon lui semble en fonction notamment de ses fameux critères d’équilibre, que le gouvernement ne veut pas voir modifier ni par des augmentations de salaire, ni par des augmentations de cotisations, soit augmenter la valeur d’achat du point (>10€), soit faire baisser la valeur de service du point de retraite (<0,55€). 
Il suffit par exemple de décider que le point de retraite ne vaut plus 0,55€ mais 0,50€ et aussitôt la pension de retraite a baissé de 10% alors qu’une baisse de 5 centimes pourrait sembler indolore !!!

2. Contrairement à la retraite par répartition, personne ne pourra donc connaître à l’avance le montant de sa pension ni savoir à l’avance l’année de son départ à la retraite. Il faut souligner que ce régime par points revient au même qu’un régime par capitalisation car il implique que chaque assuré se constitue un capital lui permettant de financer sa retraite quant il peut enfin partir.

3. Si comme le dit le gouvernement, certes le premier euro de salaire pourra permettre d’acheter des points, mais à contrario, il oublie de dire qu’avec la retraite par répartition, 1 mois cotisé donne droit à un trimestre…. c’est à dire 3 fois plus. Et avec la retraite par points : un mois ne donnera… qu’un mois d’une valeur fluctuante. 

4. Avec la retraite par répartition, les femmes avaient droit à 24 mois de cotisation par enfant, avec la retraite par point seulement 5% de points en plus…. Les femmes qui ont souvent des carrières hachées sont d’ailleurs les plus grandes perdantes de cette réforme.

5. Bien d’autres points pourraient encore être abordés comme la pension de réversion, le déficit organisé de la future caisse unique avec entre autres la baisse annuelle de versements de l’État dans cette future caisse unique pour les cotisations des fonctionnaires de 45,9 milliards d’euros, etc, etc…

Pour nous, fonctionnaires, qui n’avons pas de répartition, le calcul de notre retraite à ce jour est très simple car basé sur les salaires des 6 derniers mois qui dans une carrière d’enseignant sont toujours les plus élevés. 

Il ne faut pas être grand mathématicien pour comprendre que le calcul sur 43 années est énormément plus avantageux pour nous que le calcul sur les 6 derniers mois (de même que le calcul sur les 25 meilleures années dans le secteur privé). Il est fort possible que les CM dans vos classes le comprennent aussi parfaitement.

Comprenez donc bien que la retraite par RÉPARTITION est beaucoup plus avantageuse que la retraite par POINTS et que notre système de pension payée par l’État est largement plus avantageux que ce qui nous est imposé par Macron.