Continuité pédagogique : de qui est-ce la responsabilité?

Vous avez été un certain nombre à nous contacter au sujet d’un mail de votre inspecteur vous demandant quelles dispositions vous comptiez mettre (ou vous mettiez en place) en cas d’absence d’un collègue remplacé mais plus surprenant en cas de l’absence d’un collègue non remplacé.

Il faut savoir que la notion de continuité pédagogique n’existe pas d’un point de vue juridique. Cette notion a été imaginée de toutes pièces pendant le covid pour pallier à une situation dite exceptionnelle. Mais surtout pour combler les trous d’une situation qui devenait ingérable. Mais en aucun cas il n’y a de texte législatif ou d’obligation réglementaire qui s’imposerait aux enseignants.

En effet, aujourd’hui ,la seule obligation légale concernant la continuité pédagogique est celle qui s’impose à l’état donc à l’éducation nationale au regard de ses obligations légales à mettre un enseignant devant chaque classe et à pourvoir au remplacement des maîtres absents. Pour preuve, chaque fois que des parents ont attaqué l’éducation nationale devant les tribunaux administratifs pour défaut de remplacement de l’enseignant de leur enfant. À chaque fois ces parents ont obtenu gain de cause et l’État a été condamné aux dépends et donc ont dû indemniser les parents pour n’avoir pas procédé au remplacement de l’enseignant absent. Il n’incombe en aucune manière aux enseignants et encore moins au directrices et directeurs de palier aux insuffisances de l’éducation nationale.

Pour information l’an dernier : ce sont 7400 jours de classe en Savoie qui n’ont pas été remplacés.

Par ailleurs lorsqu’un enseignant est absent et n’est pas remplacé, cette situation a déjà pour conséquence grave de perturber la vie de l’école de dégrader les conditions de travail des classes restantes en surchargeant les effectifs et donc de pénaliser les élèves de toute l’école. Cela crée un stress supplémentaire pour l’enseignant qui accueille des élèves sans remplaçant avec la gestion de la cantine, de l’étude, de la garderie etc … Sans parler de savoir à qui remettre l’enfant éventuellement …

Mais plus fort encore avec le nouveau budget voté qui intègre le fait que le remboursement des arrêts maladies ne serait plus payés à hauteur de 100 % mais de 90 %, l’état ici économise sur le dos des enseignants malades.
À l’issue de ça, alors que les enseignants ont déjà perdu déjà 30 % de leur pouvoir d’achat en dix ans, on voudrait en sus que les enseignants et les directeurs soient responsables d’une soi-disant continuité pédagogique, alors que cette responsabilité incombe, uniquement et légalement, à l’état (donc à ses représentants : IEN, DASEN, recteurs, ministre…) qui doit assurer ses missions de service public, qui doit assurer ses missions d’enseignement et donc mettre un remplaçant devant chaque classe. Lorsque l’état faillit et ne nomme pas de remplaçant, rien n’oblige donc les collègues des écoles à se substituer aux obligations qui sont celles de leur employeur : l’ÉDUCATION NATIONALE.